Le dimanche à 15 heures tous les 15 jours, ils jouent à domicile et je vibre pour eux. Souvent je reste silencieuse et je me contente de capturer leurs exploits dans mon appareil les doigts engourdis par le froid.
Le dimanche à 15 heures tous les 15 jours je prends une vrai leçon de vie. Esprit d'équipe, solidarité, amitié, courage respect. Ils jouent pour jouer, même si en face ce n'est pas toujours le cas.
Le dimanche à 15 heures tous les 15 jours j'écoute les commentaires des supporters sur le bord du terrain.
Il est vraiment doué le demi de mêlée. Bien sûr qu'il est vraiment doué.
Le dimanche à 15 heures tous les 15 jours son papa rage contre l'arbitre, contre ceux qui ne prennent pas d'initiative, contre ceux qui font de l'anti-jeu, et il encourage son fils. Il est fier de lui.
Le dimanche à 15 heures tous les 15 jours souvent son papa pause sa main sur mon épaule et me sourit. Je crois qu'il m'aime un peu plus chaque fois que je viens encourager son fils sur le bord du terrain.
Et dimanche ils ont gagné 25-6. Cette fois la démonstration était tellement belle que je n'ai pas pu rester silencieuse. Comme les autres supporters j'ai tapé des mains, j'ai tremblé, j'ai encouragé, j'ai crié. Et j'ai pris moins de clichés. J'étais trop absorbée par la magie. Et dimanche, il a marqué un essai.
Le dimanche à 15 heures tous les 15 jours sur le bord du terrain je m'évanouis un peu de l'admirer dans son élément, de partager sa passion.
J'ai souvent entendu que le rugby était un sport de brutes, que les joueurs étaient idiots, que leurs seules passions étaient la bière, les chansons paillardes, les magazines de charme, et les bastons. J'ai souvent entendu des inepties sur le rugby. Moi qui passe des dimanches à 15 heures tous les 15 jours sur le bord du terrain depuis quelques années à regarder ces XV bonhommes évoluer, je peux vous affirmer que quand il est bien joué le rugby est un art, et les rugbymen, en plus de faire rêver, peuvent aussi être cultivés.
Bien sûr qu'il est doué le demi de mêlée.