Vendredi 29 janvier 2010 à 0:14

Il y a le plat à crumble, le saladier d'endives, le bol de crème au chocolat, et aussi l'assiette avec le noyau de la mangue, et les papiers de kinder bueno. Il y a la corbeille de linge sale, les enveloppes ouvertes et abandonnées au sol, la serviette de bain mouillée sur le matelas, les sacs (à dos, à main, de voyage...) pas vraiment défaits. Il y a ce chemin que je ne retrouve plus. J'utilise les choses comme des assiettes en carton : j'en ai besoin, j'en prends, j'ai terminé, je laisse en plan à défaut de pouvoir jeter. Il y a mes lèvres desséchées ; le froid, le manque de toi. Il y a les ombres qui sont partout et ce livre au fond de mon sac que je ne finis pas. Il y a ces mots qui restent coincés au fond de ma gorge et au bout de mes doigts. Il y a, je ne sais plus très bien ce qu'il y a, mais il n'y a pas moi. Je ne vis plus que dans les moments où je m'oublie. Je dors tard, je sursaute quand le réveil sonne, je reste sous la couette jusqu'à la dernière minute puis je fais tout en courant, j'attrape le bus à la seconde près, je rentre dans l'institut, je cours partout, je regarde l'heure sans cesse, je coche des prénoms, vérifie des cartes d'identité, jongle entre l'allemand et le français, souris, souris, je ne sens plus mes jambes à force de monter et descendre les escaliers, les papiers bleus, oranges, verts, blancs, les piles, les tas, quel niveau?, jury 5 au fond du couloir, je ne sens plus mon corps, j'oublie même de manger, je change de poste, je fonctionne en mode automatique, puis je m'écroule sur le matelas orange et je tousse à en mourir. Il y a ces dates et les mots que je voudrais mettre dessus et qui ne sortent pas. Il y a tout ce que je ne fais pas. Je laisse chaque détail glisser entre mes doigts, et je regarde tout tomber sans rien faire. Il y a tout ça qui n'est pas vraiment moi, et me colle à la peau depuis tant de mois.

Par choops le Vendredi 29 janvier 2010 à 0:37
Cet article me chamboule. Mince.

Léa, j'ai tant de choses à te dire. Coeurs coeurs coeurs, surtout.
Par clignotants le Vendredi 29 janvier 2010 à 12:38
Verdammt, Léa.
Par Montgolfièremongolie. le Vendredi 29 janvier 2010 à 15:12
Je dois partir dans quelques minutes,
mais je te sms, en millions de fois.
Par B0uille le Vendredi 29 janvier 2010 à 18:41
Léa. Han je sens que ça ne va pas, que tu n'es plus toi. Pourquoi est-ce que parfois tu te noies en toi ? Je peux t'envoyer bouée, palmes et tuba par colis, si tu me promets d'essayer de remonter, et de prendre le temps.

Je te Coeurs.
Par you-know-how-I-felt le Vendredi 29 janvier 2010 à 21:55
Suite à un passage rapide, je peux dire que j'aime vraiment ton écriture. Cela vit et déborde de... sincérité, d'évidence ? Je repasserai pour continuer ma lecture :)
Par bulle2coton le Dimanche 31 janvier 2010 à 20:32
je veux bien la bouée, oui je veux bien. Aujourd'hui je vais mieux, je ne bois plus la tasse.
Par monochrome.dream le Lundi 1er février 2010 à 20:51
Ces mots... ces mots ils te peignent comme celle qui s'est échappée de soi par la petite porte, et qui, depuis, se voit vivre depuis l'extérieur. Celle qui aimerait se hurler quoi faire, des conseils, des idées, des "allez s'il-te-plaît laisse-moi revenir", qui aimerait participer mais la vitre est épaisse et les cris ne passent pas.
C'est fou, ce ronron quotidien. Ces "pas envie" qui peuvent s'emparer de nous à tout moment et nous voler nos énergies. Nous pourrir même jusqu'à l'envie.
Alors, je suis contente de lire ce commentaire d'hier. Que tu aies repris le dessus.
Faut pas se laisser noyer, tu sais : aucun train-train, si monotone soit-il, ni aucun manque n'ont le droit de nous voler le désir d'avancer.
 

Dis,









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