Parce qu'aujourd'hui devait être un jour brouillard épais, un jour gris, un jour de pluie, mais finalement c'est un jour soleil éclatant, comme on en avait pas vu depuis longtemps.
Et je crois que ça me plaît qu'aujourd'hui soit soleil d'hiver.
La pluie, ce sera pour nos coeurs.

Dans la salle de bain, tout à l'heure, je rêvais d'avoir une douche, ou au moins quelque chose pour accrocher la pomme, pour que l'eau coule sans interruption au-dessus de ma tête sans que je sois obligée de garder le bras en l'air, pour que l'eau se mêle à mes larmes et les fassent disparaître en un tourbillon dans le siphon. Des larmes de silence. Ce sont les pires : celles qui déforment la bouche en un rictus effrayant, celles qu'on entend seulement au moment où l'on est obligé de reprendre sa respiration, dans un bruit déchirant.

Cet après-midi, je sais qu'il me serrera la main. Pour me dire qu'il est là, qu'il est le pont qui me relie à la vie. Je sais que je me mordrai les lèvres. Mais je sais que je vais pleurer. Parce qu'ils pleureront tous. Parce que comme moi ils auront retenu leur chagrin comme un ballon de baudruche entre les côtes et les omoplates, mais qu'il aura tellement gonflé, qu'il explosera. Qu'ils exploseront tous ensemble. Oui voilà de quoi cela aura l'air, d'une grande explosion de ballons de baudruche de chagrin.
De toutes façons, je pleurerai même si personne ne le faisait. Parce qu'ils ont choisi Lynda Lemay. Et là, on ne peut pas lutter. 

"C’est là qu’ça nous protège
Avec les yeux pleins d’eau
Les cheveux pleins de neige"


Mon oncle noie son chagrin dans les pâtisseries. Alors cet après-midi ce sera fantaisies, tartes et compagnie. Je ne sais plus si je dois sourire.


Et puis ils la glisseront mille pieds sous terre. Et pourtant, pourtant je sais que chaque fois que je penserai à elle, je ne regarderai pas le sol, mais les nuages, le ciel, les étoiles.




Et je ravale mes sanglots pour 15h.


(Et vous quand vous regardez le ciel, vous voyez quelqu'un?)